Sylvain et Sylvette / Jean-Louis Pesch

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Sylvain et Sylvette Jean-Louis Pesch

Les anecdotes de Jean-Louis Pesch

Après une exposition de Sylvain et Sylvette au salon BD de Saint-Malo, Jean-Louis PESCH nous raconte des anecdotes de sa vie.

 « Quel beau métier j’ai la chance de pratiquer… et qui donne parfois l’occasion de rencontrer des personnages extraordinaires et de vivre des moments mémorables »

dit-il, avec ce regard malicieux qui le caractérise.

C’est ce métier qui m’a sauvé la vie un jour.

J’avais fait une réservation dans un hôtel de Benidorm en Espagne.

Seul, j’avais roulé d’une traite depuis Paris, et j’y arrivais à onze heures le soir.

Après m’être douché et sachant qu’il y avait une piscine dans cet hôtel, je décidais d’aller m’y tremper.

L’endroit était désert et faiblement éclairé.

Je monte au plongeoir et au moment de prendre mon envol, presqu’en déséquilibre, ce gag idiot me passe par la tête :

« Et s’il n’y avait pas d’eau ? ».

Hé bien, il n’y en avait pas ! La piscine avait été vidée la veille pour être nettoyée.

Je suis donc allé me baigner dans la mer.

sylvain-sylvette

sylvain et sylvette

Les anecdotes de Jean-Louis Pesch début décembre, en revenant d’une tournée de dédicaces dans l’ouest, nous dînions dans un restaurant à Paris.

Il y avait un couple à une table voisine.

La dame très jolie, et le monsieur, quoique fort sympathique, avait des traits assez particuliers.

Ceux-ci ont dû inspirer Jigé dont l’habitude était de faire des caricatures de tout le monde, et son dessin, drôle, n’était pas à l’avantage du modèle.

Le représentant prit soudain le dessin et s’en allé le montrer à l’intéressé.

Nous nous attendions, n’approuvant pas ce geste, à ce que le monsieur prenne la chose très mal, mais, bien au contraire, il s’en amusa.

En appelant le maître d’hôtel, il nous fit apporter deux bouteilles de Champagne.

 

Nous avons donc invité ce couple à venir à notre table et avons terminé la soirée de façon sympathique.

Le contraire ne pouvait pas être autrement avec des convives comme Franquin, Jijé, Tillieux, Cauvin, Lambil et les autres.

Pendant ce temps, en tant que dessinateur animalier, j’avais réalisé un dessin d’un très beau cocker tenu en laisse (j’ai su ensuite qu’il s’appelait Arthur).

En se quittant, le monsieur me donna sa carte.

Ayant gardé un très beau souvenir de cette soirée, je crus bon d’envoyer mes vœux en ajoutant :

« une caresse à Arthur ». Normal ! Mais voilà !

Ce soir-là, ce monsieur était avec son ancienne secrétaire, propriétaire d’Arthur, qu’il était censé ne plus voir depuis plus d’un an.

Son épouse a donc demandé le divorce.

Comment pouvais-je le savoir ?bertin-pesch-carnac

L’inverse s’est produit avec une fin heureuse.

Le mercredi 26 mai 1976, un enseignant sympathique, Joël Sequart, amateur de BD et adorant Sylvain et Sylvette est venu m’interviewer à l’aide d’un magnétophone.

J’ai dû parler longtemps (j’avais tellement de choses à raconter !) qu’il a embauché une secrétaire pour taper à la machine mes longues élucubrations.

Je l’ai accusé (à tort sans doute) d’avoir profité de la situation pour embrasser celle-ci dans le cou.

Toujours est-il qu’ils se sont mariés peu après et qu’ils sont restés depuis de très bons amis.

Ils ont réalisé un livre relatant ma carrière et j’y constate qu’ils savent mieux que moi tout ce que j’ai pu dessiner en BD et en publicité depuis l’âge de 20 ans.

C’était en 1972, je crois. Il y avait un salon de BD à Toulouse auquel je participais, toujours avec la même équipe des auteurs de Spirou.

Déjà le matin, en nous rendant à pied de l’hôtel à ce salon, nous croisâmes des gardes républicains à cheval et constations une certaine effervescence dans les rues.

Maurice Tillieux, avec cet humour qui ne le quittait jamais, dit en plaisantant :

« Ce n’est tout de même pas pour nous tout ce bazar ? ».

En fait, la ville attendait la visite de Georges Pompidou.

Mais ce n’est pas tout car le soir nous étions conviés à un spectacle de cirque.

Franquin, Jijé et Tillieux, invités de marque comme ils le méritaient, étaient assis au premier rang, en bordure de piste.

A un certain moment, Monsieur Loyal annonça :

«  Et voici, Mesdames et Messieurs, les trois qui nous font tant rire… ».

Ces trois dessinateurs, l’air plutôt gênés, en se regardant s’apprêtent à se lever, et entrent en piste à ce moment trois chimpanzés vêtus en marin.

Je revois André Franquin se retourner vers nous et dire « Quelle leçon d’humilité, les amis ! ».

Et d’autres anecdotes vécues, j’en ai plein ma besace… Quel beau métier tout de même !

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